Sorcières, la puissance invaincue des femmes / Mona Chollet

Résumé :

Dans cet essai, Mona Chollet prend pour point de départ la figure de la sorcière pour dresser les portraits de certaines femmes d'aujourd'hui. Point de diabolisation ; au contraire, elle va se baser sur les spécificités de celles qui ont été appelées sorcières et persécutées comme telles (les célibataires, les femmes sans enfants, les vieilles) pour montrer que la situation, si elle s'est parfois améliorée, n'en demeure pas moins empreinte du souvenir de ces atrocités.

Publié aux éditions La Découverte (Zones) en 2018 ; 231 pages.

Mon avis :

Fascinée par la figure de la sorcière, je n'ai pas résisté longtemps à l'appel de ce titre. Mais j'ai été quelque peu surprise de voir que seule l'introduction comportait une partie historique. En effet, on s'éloigne ensuite des chasses aux sorcières pour se focaliser sur la société actuelle. Mais c'est une bonne chose car, si j'ai conscience en tant que femme des discriminations qui peuvent nous frapper, ce livre m'a ouvert les yeux sur bon nombre d'horreurs parfois insoupçonnées ou dissimulées sous des siècles de "tradition".

Ainsi, nous ne faisons plus attention aux injonctions sociales qui veulent que les femmes "accomplies" soient mariées et mères, quand il s'agit d'une option chez les hommes. Leurs autres projets passent aisément au second plan, même quand il s'agit de l’œuvre d'une vie. Les vieilles femmes sont cachées, comme en témoignent les actrices d'Hollywood un peu âgées : le vieil homme est séduisant, il a de l'expérience, tandis que la vieille femme doit tout faire pour se rajeunir, ou ne plus se montrer (elle est avant tout définie par son corps).

De même, on apprend que misogynie et racisme ou antisémitisme ne sont pas si éloignés que nous pourrions le croire (certains arguments utilisés ont été identiques). Le livre se termine sur la relation dominante de la médecine sur les femmes, souvent induite par la peur, comme cela a été le cas sur la nature.

Enfin, nous voyons que le nombre de féminicides est toujours extrêmement élevé (101 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année 2019) : c'est un sujet qui devrait davantage alerter, mais qui demeure malheureusement peu visible du fait du caractère "privé" de ces meurtres. Un rapprochement peut être fait néanmoins avec les meurtres des sorcières, qui étaient souvent des femmes trop "encombrantes", trop libres, trop affirmées, trop dangereuses... bref, des femmes qui dérangeaient les hommes.

En quelques mots, c'est une lecture instructive que nous livre Mona Chollet, dont certains passages sont littéralement révoltants, mais qui invite à l'ouverture d'esprit et à la tolérance.

Verdict : j'adore !